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Retour sur la première édition du Paris Legal Makers

Mis à jour le 27 décembre 2021

Lundi 6 décembre, nous étions près de 1 000 décideurs juridiques français, européens et internationaux au palais Brongniart rassemblés à l’initiative du bâtonnier Olivier Cousi pour rétablir le droit dans sa place de vecteur majeur de développement économique, de la transformation sociétale, de la transition écologique et de la révolution numérique.

Retour sur cette journée inédite.

L’ambition donnée au Paris Legal Makers était d’ouvrir une nouvelle page du droit. Si l’événement a d’abord intrigué, les retours et l’enthousiasme qui émanent des intervenants et des participants, qu’ils soient venus sur place, ou aient assisté aux tables-rondes à distance (plus de 500 personnes en direct digital, plus de 60 000 connections à la plateforme du site LePoint.fr), révèlent que le Paris Legal Makers répondait à un réel besoin : fédérer les acteurs du droit pour porter auprès des décideurs publics et privés des solutions pérennes.

Monsieur Emmanuel Macron, Président de la République, a souhaité accorder son patronage au Paris Legal Makers, convaincu de sa pertinence. Les ministères de la Justice et des Affaires étrangères, l’UNCITRAL ou encore le Global Forum on Law, Justice and Development, l’ont été aussi et nous ont assurés de leur soutien.

Comme le souligne le bâtonnier, nous avons en France un ministère de la Justice et pas de ministère du Droit. Pourtant le droit dépasse amplement la dichotomie qui associe dans l’imaginaire collectif le droit à la résolution d’un conflit ou à une sentence. Le droit est bien plus : il est un véritable couteau suisse et Paris une ville guichet unique du droit où chacun peut trouver les conseils les plus pertinents.

Le bâtonnier a ainsi voulu mettre en lumière et approfondir ces facettes plus confidentielles ou fondues dans des ensembles plus vastes, mais qui relèvent véritablement du droit.

Il a souhaité réaffirmer le droit et l’État de droit comme des outils de développement économique incontournables ainsi que l’ont brillamment souligné les grands témoins Didier Reynders, Commissaire européen, et Sandie Okoro, World Bank Senior Vice-President and Group General Counsel. Claudia Salomon, Présidente de la Cour internationale d’Arbitrage, ou encore Gabriel Curtis, ancien ministre en charge des investissements et de partenariat public-privé de Guinée, l’ont également démontré par leur utilisation quotidienne du droit comme variable d’ajustement dans la croissance. Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre et avocat, a rappelé lors de la clôture de l’événement combien le droit est aujourd’hui un outil de résilience face aux crises par la régulation, la prévention, la réparation, l'anticipation qu’il permet.

La dimension diplomatique du droit est plus que jamais prépondérante dans la gestion des relations extérieures. À la guerre des armes, préférons la résolution par le droit. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a réaffirmé dans son discours d’ouverture la place incontournable de cet outil majeur de la diplomatie aujourd’hui. Il est au cœur de la stratégie diplomatique du gouvernement français. « Le droit est désormais […] une arme normative, […] une arme juridictionnelle, […] une arme politique et économique. […] [Il s’agit d’] « un enjeu de réflexion et une priorité d’action tout à fait essentiels pour notre diplomatie ».

Cette dimension diplomatique recoupe également la question des droits humains, dimension sociétale et sociale du droit. Deux directeurs juridiques de groupes mondiaux, Stacey Friedman (JP Morgan Chase) et Nassib Abou-Khalil (Nokia) ont ainsi confronté leurs politiques internes visant à considérer chaque être humain en tant que personne. La présence d’intervenants très variés comme la directrice de la CNIL, Marie-Laure Denis, ou l’anthropologue Laëtitia Atlani-Duault, nous a permis de proposer un programme extrêmement riche sur ces sujets majeurs que sont l’égalité, les nouvelles normes de travail apportées par la pandémie, la place de l’éthique dans le traitement des données sensibles ou personnelles.

La dimension éthique du droit a pu être abordée également par la thématique environnementale de l’événement. L’Amiral Pierre Vandier, chef d’état-major de la Marine, Mehdi Coly, CEO de TimeForThePlanet, Jean-François Julliard, Directeur Général de Greenpeace France, ou encore Franck Lagier, magistrat de liaison en Tunisie, ont abordé les questions et défis environnementaux par le prisme du droit en termes de leviers et de moyens d’action, à l’heure où le droit international est régulièrement remis en cause.

Le Bâtonnier a également souhaité que soit mise en avant la place croissante de la Tech, pour que nous comprenions le monde actuel afin d’envisager celui de demain et offrir à nos concitoyens du monde, un droit adapté et pertinent. Les Legaltechs (Pierre Aïdan, Président de LegalStart, Louis Larret-Chahine, Directeur Général de Predictice – vainqueur du prix de l'innovation 2021) mais aussi de grands groupes (Yoram Elkaïm, directeur juridique France de Google ; Alexandre Menais, Executive Vice-President d’Atos),  de grands spécialistes de ces sujets (Camille Morel, universitaire ; Anna Joubin-Bret, Secrétaire de la Commission des Nations unis pour le droit commercial international), des ONG (Ayumi Moore Aoki, Présidente de Women in Tech), ont ainsi témoigné de la vitalité de la Tech dans le droit et de la place du droit dans la Tech.

Olivier Cousi

Paris devait aussi prendre conscience de sa place dans le monde du droit et offrir l’opportunité aux acteurs du droit de se rassembler pour échanger dans une logique d’émulation et de mutualisation des idées. Avec plus de 30 000 avocats, le barreau de Paris, et par lui, l’ensemble des barreaux français, se devaient d’affirmer leur rôle sur la scène internationale.

Ainsi que l’a souligné le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, les maîtres mots du premier Paris Legal Makers étaient innovation, dialogue, enrichissement mutuel, pour proposer une réponse attractive et efficace aux évolutions des pratiques, sans jamais sacrifier l’Humain. Nous avons tâché de maintenir un équilibre entre les secteurs public/privé/institutionnel/universitaire afin d’aboutir à une réflexion approfondie sur l’ensemble des thèmes abordés. Nous sommes d’ores et déjà sollicités pour des propositions de sujets, d’intervenants, de partenariats pour une (éventuelle) édition 2022. Affaire à suivre ?

 

Stéphane de Navacelle
Délégué du bâtonnier à l’influence par le droit
Ancien Membre du Conseil de l’Ordre