Rencontre avec François Bourguignon, vainqueur du concours international de plaidoiries pour les droits de l'Homme
Le 26 janvier dernier, notre confrère parisien François Bourguignon a remporté le prix du Mémorial et de la Ville de Caen lors du concours international de plaidoiries pour les droits de l'Homme, avec sa plaidoirie « Le salaire du déshonneur - Le combat d’Aïcha et des "Dames de fraises" de Huelva ».
Avocat collaborateur au sein du cabinet spécialisé en droit du travail Flichy Grangé Avocats, il est engagé bénévolement au sein de l’association « La Cravate Solidaire », qui vient en aide aux personnes éloignées de l’emploi, notamment grâce à la collecte puis à la distribution de vêtements professionnels, ainsi qu’à la préparation aux entretiens d’embauche.
@Thomas Brégardis
Pourquoi avez-vous choisi de participer au concours international de plaidoiries pour les droits de l'Homme ? Était-ce votre première participation ?
François Bourguignon : J’ai connu ce concours lors de mes études à l’EFB et j’y ai participé en 2016 en qualité d’élève-avocat. À l’époque j’avais plaidé la cause des Rohingyas qui fuient la Birmanie où ils sont persécutés en raison de leur religion et se retrouvent, pour bon nombre d’entre eux, exploités et violentés sur des bateaux de pêche au large de la Thaïlande.
Ce concours de plaidoiries me tient à cœur car il permet de défendre, de mettre en lumière, un cas réel, actuel et individuel de violation des droits de l’Homme.
Il ne s’agit donc pas d’un simple concours d’éloquence mais d’une réelle tribune offerte aux participants pour tenter de sensibiliser les consciences.
– Comment avez-vous choisi le cas que vous avez plaidé ?
F. B. : J’ai choisi de défendre le cas d’Aïcha, et à travers elle celui des milliers d’ouvrières agricoles marocaines travaillant dans les cultures de fraises en Espagne, car il me touche à plusieurs titres.
Tout d’abord en tant qu’avocat en droit du travail et bénévole au sein d’une association qui accompagne et favorise l'accès à l'emploi (« la Cravate Solidaire »), je ne pouvais pas rester insensible face aux conditions de travail déplorables et inhumaines auxquelles sont confrontées ces femmes en Espagne.
Cette cause m’a également touché en tant que citoyen et consommateur européen.
En effet, par le biais ce que l’on nomme les « contrats en origine », ces femmes sont recrutées sur la base de critères censés garantir leur obéissance au sein des exploitations agricoles espagnoles et leur retour au Maroc à l’issue de la récolte.
Or, ce système place volontairement ces ouvrières dans une situation de précarité et de fragilité une fois arrivées sur place, ce qui facilite grandement les abus (travail forcé, agressions sexuelles, viols) dont elles sont victimes.
Nous devons avoir conscience que le produit de cette misère sociale aboutit sur les étals de nos supermarchés et, in fine, dans nos assiettes.
– Que diriez-vous à des confrères pour les convaincre de participer à ce concours ?
F. B. : Le concours du Mémorial de Caen est une formidable expérience, tant sur un plan humain que professionnel. J’y ai notamment rencontré des confrères attachants et passionnants venus du monde entier que j’aurai plaisir à revoir.
Ce concours est également une chance unique de porter à la connaissance du public une cause que l’on a choisie, qui nous ressemble, et ainsi d’essayer de contribuer à la promotion et à la défense des droits de l’Homme. Il s’inscrit ainsi pleinement dans « l’ADN » de notre profession.