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Le Portrait du jeudi - Michèle Pinson

Mis à jour le 27 avril 2021

« L’important, c’est la librairie, pas moi ! » nous annonce d’emblée Michèle Pinson. Dynamique entrée en matière animée par une modestie non feinte qui n’étonneront pas les nombreux habitués de cette vénérable institution de la place Dauphine.

« Cette librairie, dans ces locaux existe depuis 1907 » nous révèle Michèle « le propriétaire était alors les Editions Techniques qui furent ensuite rachetées par Lexis Nexis. Pour ma part, je suis entrée dans cette maison en 1981 en tant qu’apprentie. »

A l’époque, le monde du droit lui était totalement étranger mais la passion et la curiosité déjà bien présente. La librairie, elle, était alors le théâtre de bouillants débats sur la peine de mort entre avocats du barreau, magistrats et policiers.

Michèle, elle, avance à tâtons dans cet univers qu’elle découvre « Je trouvais que les avocats formaient une clientèle difficile. Il y avait une exigence colossale, et je ne me sentais pas à la hauteur de cette demande… »

On a du mal à imaginer cette fébrilité d’antan lorsque l’on s’entretient aujourd’hui avec celle qui est devenue le pilier de la librairie de la place Dauphine...Des clients rentrent, elle les salue, leur demande comment se sont passées leurs vacances, propose un café et des biscuits, conseille, recommande, aiguille, véritable chef d’orchestre au milieu des imposants rayonnages. « Heureusement nous avons nos habitués, des clients très anciens, mais aussi des jeunes, parfois jusqu’à trois générations d’une même famille de juristes ! »

Cet esprit familial n’est pas feint. On sent immédiatement lorsque l’on passe le seuil de la librairie une irrépressible convivialité et un accueil des plus sympathiques qui donnent envie de rester des heures. Une atmosphère qui pousse au réconfort et aux confidences « Les avocats viennent nous voir avant une plaidoirie pour prendre un petit café et se donner de la force. Ils viennent aussi après pour partager un bon résultat, nous dire que tout s’est bien passé ou au contraire pour se confier et même pleurer… »

Cette ambiance se prolonge aussi désormais sur internet. Depuis quelques années, sa dynamique acolyte Marine anime d’une main de maitre une communauté numérique et organise des rencontres et signatures autour d’auteurs dans la maison-mère qui parfois se prolongent jusque tard dans la soirée. « Nous faisons les choses sérieusement, sans nous prendre au sérieux » résume-t-elle.

Avant de quitter à contrecœur la librairie, nous demandons une dernière anecdote. Michèle nous parle alors des visites de courtoisie d’un ancien voisin illustre, un certain Yves Montand « il faisait semblant nous braquer le soir quand nous faisions la caisse, avec un foulard de cowboy… » 

Si les avocats étaient un ouvrage ?