Hommage à Simone Veil
C’est avec une vive émotion que Frédéric Sicard, Bâtonnier du barreau de Paris, salue la mémoire de Madame Simone Veil, dont le parcours et les engagements resteront un exemple pour tous les Français.
En ce jour de deuil pour la France, Frédéric Sicard adresse ses plus sincères condoléances à ses fils Jean et Pierre-François, avocats au barreau de Paris.
Mémoire de la shoah, icône de la lutte des droits des femmes et figure de la construction européenne, Simone Veil aura connu un destin singulier qui la fait aujourd’hui entrer dans l’histoire de notre nation.
Née Simone Jacob en 1927, elle n’a que 16 ans lorsqu’elle est déportée à Auschwitz, avec toute sa famille. De ce voyage au bout de l’horreur, seules ses sœurs et elle surgiront des brumes de l’enfer, dépositaires d’une mémoire qui forgera le caractère d’une femme de convictions déterminée à combattre toutes les oppressions, dotée d’une liberté de pensée et de parole inébranlables.
Un caractère hors du commun qui lui a permis de transformer les épreuves en engagements exemplaires.
Au sortir de la guerre, elle épouse en 1946 Antoine Veil et choisi très vite de conquérir son indépendance en devenant avocat, puis magistrat.
Membre du cabinet du Garde des Sceaux, sous la présidence de Georges Pompidou, elle sera par la suite, la première femme secrétaire générale du Conseil supérieur de la magistrature.
En 1974, elle surgit sur la scène publique en devenant l’emblématique ministre de la Santé du Président Giscard d’Estaing, défendant contre vents et marées devant le parlement la loi autorisant l’Interruption Volontaire de Grossesse. Le combat d’une vie en faveur de la liberté donnée aux femmes. Une conquête, fait rarissime, réaffirmée le 24 novembre 2014 par l’Assemblée nationale. Elle occupera de nouveau cette fonction dans le gouvernement d’Edouard Balladur en 1993.
L’Europe de la paix sera son autre combat. Elle qui avait côtoyé de si près le mal absolu, luttera de toutes ses forces pour la réconciliation franco-Allemande, donnant l’exemple en s’installant quelques années avec sa famille en Allemagne, et au-delà pour l’unification européenne, seul garant de la paix.
Un engagement qui trouvera sa plus brillante illustration à la faveur des premières élections européennes au suffrage universelle de 1979, à l’issue desquelles elle deviend le 17 juin, la première femme présidente du Parlement européen. Elle contribue à faire connaître à l'opinion publique européenne cette institution et à améliorer son image jusqu’ici un peu terne. Elle développe les contacts avec les pays tiers en engageant l’institution dans la logique d'un élargissement de l'Union européenne.
Elle devient par la suite membre du Conseil constitutionnel de 1998 à 2007, et appelle en 2005 à voter "oui" au référendum sur le traité établissant une constitution pour l'Europe.
Ultime hommage à une femme d’exception, son entrée à l'Académie française en 2010.
Pour Frédéric Sicard : « Simone Veil incarne les trois grands moments de l’histoire du XXe siècle : la Shoah, l’émancipation des femmes et l’espérance européenne. Elle demeurera pour les Français et les Européens un repère ».