Monsieur le bâtonnier, Madame la vice-bâtonnière, Mesdames et Messieurs les anciens bâtonniers et vice-bâtonniers, Mesdames et Messieurs les membres du Conseil de l’Ordre ont la grande tristesse de vous faire part du décès d’Henri Leclerc, survenu le 31 août, dans sa 91e année dont 65 années de vie professionnelle.
Né le 8 juin 1934 à Saint-Sulpice-Laurière (Haute-Vienne), Henri Leclerc prête serment comme avocat au barreau de Paris en décembre 1955 après l’obtention d’une licence en droit. Son éloquence est remarquée lorsqu’il passe avec succès le concours de la Conférence du barreau, dont il devient 3e secrétaire pour la promotion 1962-1963 et où il côtoie notamment les futurs bâtonniers Mario Stasi et Philippe Lafarge. Il obtient également à cette occasion plusieurs récompenses, dont le prix Henry-Durandy qui consacre ses talents d’improvisateur. Toute sa carrière durant, il restera très attaché à la Conférence, tant comme invité régulier des séances de ce concours que comme 64e président de l’Association des secrétaires et anciens secrétaires.
Son parcours professionnel débute aux côtés d’Albert Naud, dont il est le collaborateur durant dix ans et qui lui lègue sa bibliothèque juridique. Au fil des années, il devient l’un des plus éminents pénalistes du barreau de Paris, plaidant pour la défense d’anonymes comme de clients plus médiatiques dans des procès criminels. Il accompagne aussi de grands mouvements sociaux, défendant manifestants ou encore militants indépendantistes.
Les livres qu’il a publiés, ainsi que ses contributions dans des revues juridiques, sont autant de témoignages de sa culture et de ses compétences. Du fait de sa spécialisation, c’est tout naturellement qu’il est chargé des questions liées au droit pénal lorsqu’il est élu membre du Conseil de l’Ordre des avocats de 1982 à 1984, sous les bâtonnats successifs de Bernard du Granrut et Guy Danet.
Son travail l’amène à représenter la profession au sein de plusieurs commissions au ministère de la Justice : « Réforme de la procédure pénale » de 1981 à 1983 et « Justice pénale et droits de l’Homme » de 1990 à 1992. Les droits de l’Homme sont d’ailleurs l’un de ses engagements principaux, luttant durant sa carrière contre « l’arbitraire qui menace les libertés, l’intolérance qui détruit la fraternité, le racisme qui nie l’égalité, et l’individualisme qui tue le citoyen ». Il dénonce notamment à de nombreuses reprises les conditions de détention dans les prisons de haute sécurité.
Très souvent missionné à l’étranger, il est élu président de la Ligue des droits de l’Homme de 1995 à 2000 avant d’en devenir président d’honneur, et était aussi membre de la CNCDH (Commission nationale consultative des droits de l’Homme).
Henri Leclerc aura été avocat durant 65 années, exerçant au sein du cabinet qu’il a fondé en 1973, le cabinet Ornano devenu en 1994 Henri-Leclerc et Associés, avant de demander son honorariat en 2021. Figure marquante du barreau, commandeur de la Légion d’Honneur, il a donné son nom à des promotions d’élèves, à l’École de formation des barreaux (EFB) et dans plusieurs formations universitaires en droit. Il y a quelques mois, la salle du Conseil de l’Ordre, à la Maison des Avocats, avait été renommée en son honneur.
Toutes nos condoléances et nos pensées vont à sa famille, ses proches et ses anciens associés et collaborateurs.