CÉRÉMONIE SOLENNELLE DE RENTRÉE DU BARREAU DE PARIS ET DE LA CONFÉRENCE 2023

Plus de 1 280 personnes se sont réunies, vendredi 24 novembre, au Théâtre du Châtelet à Paris, à l’occasion de la cérémonie de rentrée solennelle du barreau de Paris et de la Conférence. Essentiellement des avocats parisiens, bien sûr, mais aussi des délégations étrangères, des acteurs du monde institutionnel et plusieurs hautes personnalités, dont la maire de Paris Anne Hidalgo et le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti.

Première oratrice à prendre la parole, la maire de Paris a tout d’abord remercié personnellement la bâtonnière Julie Couturier et le vice-bâtonnier Vincent Nioré pour leur implication sur les questions d’accès au droit et pour leur travail sur la déontologie des avocats qui exercent en parallèle un mandat d’élu. Sur un ton plus général, elle a ensuite alerté sur le danger encouru par les démocraties dans le monde, et sur les risques d'effondrement du politique et de nos institutions.

Hommage aux ténors disparus

Le 1er Secrétaire de la Conférence Jean-Baptiste Riolacci est ensuite monté au pupitre afin de prononcer le traditionnel éloge d'un avocat disparu ou d'une personnalité. Mais face aux disparitions brutales et nombreuses qui ont endeuillé le barreau de Paris au cours de l’année écoulée, Jean-Baptiste Riolacci a finalement choisi de célébrer les valeurs de confraternité et d’humanité des avocats, et de rendre hommage à l’ensemble des ténors disparus : Pierre Haïk, Georges Kiejman, Hervé Temime, Jean-Pierre Versini-Campinchi… « Jamais autant en si peu de temps » a-t-il souligné.

Discours remarqué du 2ème Secrétaire

Le 2ème Secrétaire Seydi Ba lui a succédé, comme de coutume, pour le discours en forme de procès. Pendant trente minutes, sans notes et avec une énergie remarquable, il est revenu sur la bataille de l’historien Jean-Luc Einaudi pour la reconnaissance du massacre policier raciste du 17 octobre 1961, orchestré par le préfet Maurice Papon, et qui lui a valu un procès en diffamation qu’il a par la suite remporté. Il a conclu sa brillante plaidoirie par ces mots : « sans procès, seule l’ordalie fait loi ». Au terme de leurs discours, les deux Secrétaires ont été ovationnés et longuement applaudis.

Me Bruno Marguet, le maître de cérémonie, a ensuite procédé à la remise des 29 prix de la Conférence et du concours international d’éloquence Mario Stasi. Le 8ème Secrétaire Ambroise Vienet-Legué a quant à lui décerné la médaille de la Conférence à Arnaud Leclercq, huissier d'audience au TJ de Paris, un professionnel passionné qui prouve chaque jour que « l'œuvre de justice peut être belle pourvu qu'elle soit empreinte d'humanité ».

L’émotion des bâtonniers sortants

Le vice-bâtonnier Vincent Nioré et la bâtonnière Julie Couturier ont ensuite tour à tour pris la parole, pour l’un de leurs derniers discours du mandat. Après s’être insurgé contre « l’omniprésence du crime et la part maudite de l’humanité », il a rappelé avec force que seul le droit pouvait nous sortir de la violence, et mis en garde contre le risque d’une justice à deux vitesses qui « maltraite malgré elle certains justiciables et les magistrats eux-mêmes, soumis à des cadences intenables ». Il a ensuite dit toute sa fierté d'avoir pu représenter tous les confrères, et appelé à cultiver une forme d’« harmonie conflictuelle » dans la grande famille judiciaire.

Enfin, Julie Couturier a rendu hommage à son vice-bâtonnier, un « indomptable », et s'est félicité des relations harmonieuses entretenues avec la magistrature, signe du succès de sa « méthode horizontale ». Après être revenue en profondeur sur les temps forts de son mandat et sur son bilan, elle a exhorté l’avocature, de manière générale, à résister à l’outrance, au découragement et au désespoir à l’heure « où tanguent nos principes, nos libertés et nos droits » et « où la nuance se fracasse sur l’injonction à choisir son camp ». Les bâtonniers sortants ont été acclamés pendant plusieurs minutes par la salle.

En clôture de la cérémonie, le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti a livré un discours technique dans lequel il a défendu sa loi d'orientation et de programmation pour la justice, promulguée quelques jours auparavant, et qui devrait permettre des recrutements massifs, une modernisation des palais de justice, une numérisation des services ou encore la construction de nouvelles places de prison. Le ministre a estimé que le budget de la Justice atteindra 11 milliards d’euros en 2027, une hausse de près de 60%.

Retrouvez en bas de page les discours de Madame la bâtonnière de Paris, Julie Couturier, de Monsieur le vice-bâtonnier, Vincent Nioré et du 2ème secrétaire de la Conférence, Seydi Ba. Seul les prononcés des discours font foi.

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