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Burundi Rencontre avec Me Armel NIYONGERE, président de l’ACAT et avocat en exil

Mis à jour le 27 avril 2021

En raison des menaces dont il fait l'objet au Burundi, Me Armel Niyongere, avec six autres confrères, se trouve en exil depuis cet été.

Le 28 septembre 2015, le barreau de Paris, représenté par Anne Souléliac, avocat responsable des droits de l’homme et Rébecca Radereau du département des relations internationales, a reçu Maître Armel Niyongere, avocat au Burundi et président de l’ACAT-Burundi (Association des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture au Burundi) depuis octobre 2009. M. Niyongere était accompagné de M. Guillaume Colin, représentant de la FIACAT (Fédération Internationale de l’ACAT) auprès de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples et coordinateur Peine de mort.

Originaire du Burundi, M. Niyongere est avocat engagé dans la défense des droits de l’homme au Burundi et a commencé à militer en 2002, lorsqu’il a créé l’association sans but lucratif ARREPAC (Association pour la Réconciliation et la Résolution Pacifique des Conflits) dont il a été le secrétaire général. En 2004, il est devenu membre actif de l’ACAT-Burundi et a fait partie de l’équipe de bénévoles effectuant des visites dans les lieux de détention. En octobre 2009, M. Niyongere a été élu Président de l’ACAT-Burundi.

L’ACAT est une association à but non lucratif dont la mission est de lutter pour le respect de la dignité humaine et d’agir pour l’abolition de la torture et de la peine de mort. L’ACAT-Burundi œuvre à défendre les victimes de torture, les personnes détenues dans des conditions inhumaines et les condamnés à mort ou les disparus.

L’objet de la visite de M. Niyongere et de M. Colin était de demander au barreau de Paris une marque de soutien envers la situation de M. Niyongere qui se trouve actuellement en exil dans un pays de la région, en raison des menaces dont il est victime à Bujumbura (Burundi) directement liées à sa profession d’avocat.

M. Niyongere a expliqué brièvement les raisons de cette situation. Depuis l’annonce de la candidature du président burundais Pierre Nkurunziza à un troisième mandat le 25 avril 2015, les défenseurs des droits humains et les voix dissidentes du régime sont victimes d’une répression croissante et leur sécurité est de plus en plus menacée. Le 24 mars 2015, des policiers ont encerclé l'habitation de Maître Armel Niyongere et exigé de perquisitionner son domicile. N'ayant pas de mandat, ils n'ont pas pu pénétrer à l'intérieur, mais M. Niyongere a indiqué que sa sécurité n’était plus assurée.

Depuis 2014, M. Niyongere est l’avocat de M. Pierre Claver Mbonimpa, président de l’Association pour la protection des droits humains et des personnes détenues (APRODH) et lauréat du Prix Martin Ennals pour les Défenseurs des Droits de l’Homme 2007. Militant activement contre le troisième mandat du président Nkurunziza, M. Mbonimpa a été arrêté par la police le 27 avril 2015 à Bujumbura. Maître Niyongere, en tant qu’avocat de M. Mbonimpa, est alors devenu la cible des autorités depuis la réélection du président Nkurunziza.

M. Claver Mbonimpa avait déjà été arrêté en 2014 par un agent du Service national de renseignement vraisemblablement pour avoir dénoncé l’existence de centres d’entraînement de jeunes Burundais à l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Ses propos avaient été accusés de perturber les relations entre le Burundi et la République Démocratique du Congo et de porter atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat. Maître Niyongere avait alors dénoncé une arrestation arbitraire visant à brider l’action de M. Claver Mbonimpa dans la défense des droits de l’homme.

Ce harcèlement grandissant a poussé M. Niyongere à s’exiler afin de protéger sa sécurité et celle de sa famille. Mais aujourd’hui, M. Niyongere fait face à une situation très difficile. Son cabinet de Bujumbura étant fermé, il ne peut plus exercer sa profession d’avocat et dispose de peu de ressources financières pour pourvoir aux besoins de son épouse et de sa fille née cette année en exil.

M. Niyongere est aujourd’hui installé pour un temps indéterminé dans un pays de la région, aux côtés de six autres avocats burundais victimes de menaces au Burundi. Il leur est impossible actuellement de retourner au pays en raison des menaces dont ils font l’objet et ne bénéficient pas du statut de réfugié dans le pays où ils se trouvent. Ils sont donc aujourd’hui en attente d’une normalisation de la situation mais souhaitent malgré tout poursuivre leur combat pour les droits de l’homme. M. Niyongere a plusieurs fois exprimé sa volonté, et celle de ses confrères exilés, de se rendre utile même à distance, en soutenant les avocats restés au Burundi. Ils souhaitent particulièrement apporter leur aide dans l’affaire des médias burundais brûlés par les autorités du Burundi.

M. Niyongere bénéficie du soutien de l’ACAT mais la situation précaire qui se prolonge risque de rendre cet appui de plus en plus difficile. 

Le barreau de Paris entend bien évidemment suivre avec la plus grande attention la situation de Me Armel Niyongere et des confrères burundais menacés et exilés.