Alexandra Recchia, une avocate au combat
AVOCAT : UNE VOCATION ?
Pas du tout. Enfin, je dirais plutôt que cette profession s’est imposée comme une évidence, mais assez tardivement finalement. Initiale- ment, j’ai choisi de faire des études de droit parce que j’aimais « bachoter », lire et approfondir mes connaissances. Je me suis dit que j’avais le profil pour de telles études, et j’avais également l’ambition de passer le concours de commissaire de police. Néanmoins, à l’issue d’un stage au sein du cabinet CAPSTAN, j’ai pu m’immerger dans un cabinet d’avocats et l’ex- périence a été véritablement concluante.
J’ai adoré le fond du métier ainsi que l’esprit d’équipe et le côté humain. J’ai alors décidé de passer l’examen d’entrée au CRFPA. Quel challenge, mais j’adore les défis ! Puis j’ai intégré l’HEDAC en janvier 2015 et obtenu le CAPA en octobre 2016.
COMMENT ET QUAND LE KARATÉ EST-IL ARRIVÉ DANS VOTRE VIE ?
Vers 5 ans et demi. J’ai toujours été la plus petite de ma classe. Je me faisais donc souvent embêter, mais je ne me laissais jamais faire. J’avais du répondant verbalement et, si besoin, physiquement. De plus, je détestais véritable- ment perdre. Mes parents, affectionnant tous deux le karaté et ayant bien perçu cet esprit de combattante, m’ont inscrite au karaté, et j’ai immédiatement fusionné avec ma discipline.
Le karaté, tout comme l’avocature, demande énormément de rigueur, d’abnégation, de respect et de modestie
COMMENT ORGANISEZ-VOUS VOTRE VIE ENTRE ATHLÈTE DE HAUT NIVEAU ET AVOCATE QUI COMMENCE SA CARRIÈRE ?
J'étais dans un cabinet en quart-temps et je m'entraînais soit le matin très tôt, soit le midi, soit le soir tard. J'avoue que j'étais particulière- ment fatiguée du rythme. D'un commun accord, j'ai donc cessé ma collaboration avec ce cabinet.
Actuellement, je suis à mon compte, ce qui me permet de maintenir un niveau d'entraînement suffisant.
Je compte chercher de nouveau une collabora- tion d'ici quelques mois, mais ce serait en 2 ou 3/5e, car je suis dans un projet olympique. Ma discipline entre aux Jeux en 2020. Dans tous les cas, mon double projet nécessite une organisa- tion à toute épreuve et une santé de fer !
EST-CE QUE CES DEUX DISCIPLINES SE NOURRISSENT L'UNE L'AUTRE ?
Le sport de haut niveau, et plus spécialement le karaté, demande, tout comme l’avocature, énormément de rigueur, d’abnégation, de respect et de modestie. J’ai rapidement compris que mes victoires sportives résultaient d’une œuvre collective (entourage familial, coach, entraîneurs, préparateurs physiques, médecins, kinés...). Il faut savoir se reposer sur les autres et avoir confiance en sa « team » pour s’améliorer sans cesse et progresser.
Crédit photo : Cédric Lambert - Photo’N’Co
Je considère que l’apprentissage du métier d’avocat est similaire. Un jeune avocat est plein d’entrain et de motivation, certes, mais il demeure dans une phase d’apprentissage et doit se nourrir de l’expérience de ses confrères. Dans mon métier, comme dans la pratique du karaté, je tends à repousser mes limites, à apprendre, à progresser. Je ne considère rien pour acquis et me remets fréquemment en question.
Je suis persuadée que je dois beaucoup à ce double parcours : la rigueur, la concentration, le goût de l’effort, la détermination, la volonté, et l’acharnement. Le fait de mener mes deux vies de front m’a apporté autant au niveau sportif qu’au niveau professionnel.
QUELLES SONT LES QUALITÉS D'UN BON AVOCAT QUE L'ON RETROUVE CHEZ UNE KARATÉKA DE HAUT NIVEAU ?
La rigueur sans aucun doute, le respect d'autrui, la modestie, l'humanité, le partage et le goût de l'effort, car un avocat ne compte jamais ses heures, comme un karatéka ne re- chigne jamais à l'entraînement.
QUELLES SONT LES QUALITÉS D'UNE KARATÉKA DE HAUT NIVEAU QUE L'ON RETROUVE CHEZ UN BON AVOCAT ?
La volonté, la détermination, l’abnégation, la précision, le souci du détail et la recherche de la perfection.
Crédit photo de couverture : Denis Boulanger - FFKDA