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Belarus : 4 avocats considérés comme « gênants » radiés du Barreau

Mis à jour le 27 avril 2021

Vendredi 19 février 2021, Lyudmila Kazak, Mikhail Kiryluk, Konstantsin Mikhel et Maksim Konan ont perdu leur licence d’exercice en tant qu’avocat parce qu’ils étaient investis dans la défense de dossiers politiques ou avaient exprimé des opinions considérées comme « incompatibles » avec la profession d’avocat ou encore participé à des rassemblements.

Lyudmila Kazak est l’avocate de la prisonnière politique Maria Kolesnikova, membre du præsidium du Comité de coordination qui a  réclamé l’annulation de la réélection d’Alexandre Loukachenko à la présidence le 9 août dernier et a été officiellement arrêtée sous le chef d’inculpation de tentative de prise du pouvoir. Les trois confrères précédents qui avaient accepté d’assurer la défense de Maria Kolesnikova ont tous été sanctionnés. Ainsi, Alexander Pylchenko a été radié du barreau, Maksim Znak a été emprisonné et Ilya Salei a été placé sous résidence surveillée.

Le 29 juin 2018, le Barreau de Paris, l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme (FIDH-OMCT) et le Centre des Droits Humains "Viasna" au Belarus avaient publié à la suite d’une mission d’enquête un rapport sur les restrictions de l’indépendance des avocats au Belarus. Le rapport dénonçait la mainmise du pouvoir exécutif sur la capacité d'exercice des avocats défendant des dossiers considérés comme « sensibles » par les autorités.

Aujourd’hui, après les manifestations de masse qui ont suivi, en 2020, la réélection contestée à la tête du pays du président biélorusse Alexandre Loukachenko, le pouvoir a encore accentué la pression, lançant une série de perquisitions aux domiciles de journalistes et d’activistes, et dans les bureaux de plusieurs associations de défense des droits de l’homme et de syndicats. Les avocats ne sont pas épargnés et ceux qui défendent en justice des cas considérés comme « gênants » par les autorités s'exposent à des mesures de rétorsion qui peuvent aboutir à leur révocation, dans un contexte où le cadre législatif a progressivement placé les barreaux bélarusses, et les avocats eux-mêmes, sous la tutelle directe du ministère de la Justice.

Le Barreau de Paris rappelle que selon les principes de Base des Nations unies relatifs au rôle du barreau, les avocats ne doivent pas être assimilés à leurs clients ou à la cause de leurs clients du fait de l'exercice de leurs fonctions (Principe 18) et qu’ils doivent jouir, comme tous les autres citoyens de la liberté d'expression, de croyance, d'association et de réunion (Principe 23).

Le Barreau de Paris demande aux autorités bélarusses de garantir en toutes circonstances la protection des avocats dans le pays, notamment ceux spécialisés dans la défense des libertés fondamentales, et à assurer plus généralement la protection de tous les défenseurs des droits humains au Belarus.